Humeur – Ne gâchons pas l’héritage de Russie 2018 !
Stade de France 1998 – Moscou 2018 : vingt années ont séparé les deux étoiles désormais brodées au dessus du cocq de l’équipe de France. Vingt ans où l’héritage du sacre face au Brésil a été dilapidé a petit feu.
L’arrogance française
En 1998, nous étions les plus beaux, les plus forts. La formation a la Française était la meilleure au monde. Les louanges pleuvaient du monde entier, copiant le football français. Mais l’édifice s’est effrite au fil des années. Au lieu de se remettre en question pour tenter de garder ce niveau de performance, le foot français s’est gargarise avec en trompe l’oeil le succes a l’Euro 2000. Pendant ces temps glorieux, les clubs amateurs ont vu leurs effectifs gonflés par des jeunes attirés par la beauté de ce sport. Mais la réalité était autre dans nos clubs. Si l’équipe de France et la FFF renvoyaient une image de paillette, les clubs souffraient déjà financièrement. Les infrastructures municipales étaient vieillottes, les bénévoles pas assez nombreux, la DTN ne donna pas de ligne directrice aux éducateurs…Les titres de 1998 et 2000 n’ont pas forcément profitè à nos clubs. Pire, ils ont du subir les dérives du football business et de la non-remise en cause du système de formation des clubs amateurs, les instances étant préoccupées a faire briller la vitrine. Mais comme le boomerang, toute cette vanité est revenue au visage de tous. On peut citer pêle-mêle l’echec du mondial de 2002 où le sponsor des Bleus avait mis en vente des tenues avec deux étoiles, le scandale des bouteilles millesimees du président de la fédération de l’époque, l’affaire des quotas, les comportements déviants des joueurs face aux institutions et aux journalistes, la main de Thierry Henry, la gestion du coup de boule de Zidane banalisent la violence dans le Football…pour en arriver au point de rupture de Nysna lors du mondial 2010. Les clubs amateurs ont du subir cette détestable image, perdant des licenciés par dizaines chaque année mais surtout devant supporter le comportement de joueurs et parents imitant le haut niveau. Pourquoi respecter les bénévoles et les clubs quand on se permet de ne pas respecter le sélectionneur et la fédération ?
Une prise de conscience
Devant l’évidence, la fédération n’a pu que changer son fusil d’épaule. La perspective de l’organisation de l’Euro sur le sol français en 2016 combinée à la pression des sponsors ont amené les « cravatés » à enfin se tourner vers le clubs amateurs. Cela a commencé avec un programme de modernisation des infrastructures avec la création de nombreux terrains synthétiques ou de club house a travers le pays et continué avec la modernisation des formations destinées aux éducateurs avec une grande prise en charge des frais par les instances. Si le contenu n’est pas révolutionnaire, la méthode pédagogique enseignée doit permettre aux éducateurs d’avoir un comportement en adéquation avec les attentes des joueurs. La formule a permis à la majorité des éducateurs de se former. La veritable révolution est venue du programme éducatif fédéral (PEF). Pour certains, cela ressemble à une contrainte ou se résume à un classeur, pour les autres, ceux qui ont compris la démarche, il permet d’introduire des notions de citoyenneté au sein de l’entraînement, des matchs et des clubs. Il est fréquent de voir des tournois de jeunes où le sportif n’est pas le seul facteur pour déterminer le vainqueur avec des questionnaires portant sur le traitement des dechets ou l’économie d’eau.
Nouvelle génération…
La France s’est réveillée ce matin avec deux étoiles sur le maillot et des milliers d’enfants se prenant pour MBappe, Lloris et consorts…Autant de licenciés potentiels à bien recevoir des Septembre prochain. Le football amateur pourra-t-il relever le défi qui se présente à lui ? Pour continuer à exister, les clubs ont accélérer le phénomène de fusion pour être plus forts a plusieurs. A première vue, la Bigorre du football est prête avec de très nombreux clubs labellisés FFF proposant des projets articulés autour de l’associatif, du sportif et de l’educatif. Mais il faudra aussi bien s’occuper des joueurs passionnés que des opportunistes du mondial, des bons joueurs comme des débutants. Le nombre de bénévoles sera-t-il suffisant ? Comment occuper les enfants lorsque les terrains sont impraticables pendant plusieurs mois en hiver ? Comment lutter face à la montée du football loisir en salle ? Il faudra aussi former les éducateurs et les dirigeants souvent découragés face à cette nouvelle génération dite « zapping ». La génération Pogba a cassé les codes des vestiaires feutrées d’antan. Désormais, la moindre info est tweetèe, les chants de victoire se partagent sur facebook, les enceintes de son ont remplacées le silence de préparation des matchs. Aujourd’hui, les joueurs ont le pouvoir et la parole n’a pas la même valeur qu’autrefois. L’estime de soi-même n’est pas la même non plus. Les joueurs ont du mal à s’auto-critiquer encouragés par un entourage toujours bien-vaillant. Le coach se retrouve dans la peau du méchant qui contredit pour la première fois le joueur. Du coup, les joueurs zappent et changent de club comme de chemise, trouvant toujours preneur puisque, pour répondre à la rotation incessante des effectifs, les entraîneurs ont trouvé pour seul moyen de faire des signatures de masse, peu importe le passé et le réel niveau du joueur.
Le futur se prépare…aujourd’hui
Le défi est immense. Les clubs ne pouvant pas le relever disparaîtront peut-être. Seuls ceux qui réussiront à se structurer a tous les niveaux qui remporteront la partie. Le facteur financier risque de prendre une place encore plus grande au fil des années. Les instances sont de plus en plus exigeantes en terme de formation d’educateur pour participer compétitions régionales et fédérales. Les éducateurs qui font l’effort de se former demanderont à juste titre une compensation financière au vu de l’enorme investissement demandé. Si tel est le cas, le prix des licences sera obligatoirement a l’augmentation, les subventions n’étant pas extensibles à l’infini. Les projections prévoient 10% de licenciés en plus à la rentrée. Gageons que chacun saura faire le nécessaire pour que notre football reste populaire, coloré et familial. Si on peut voir le verre à moitié-vide, nous devons le voir à moitié-plein. Le football bénéficie d’une bonne presse, les feux sont au vert pour réussir le pari du football amateur. Les premiers mots du président de la FFF semblent aller dans ce sens.
Amis éducateurs, dirigeants et présidents, passez de bonnes vacances avant de vous lancer dans cette grande aventure. Le football est si beau que le défi en vaut la chandelle.
Par Puk