Féminines – Cédric Voutier (sélection équipe de France militaire) :”Ne pas oublier d’où l’on vient est le meilleur gage de réussite”

Le CDT des Hautes-Pyrénées, Cédric Voutier, est devenu il y a quelques semaines le selectionneur de l’équipe de France militaire féminine avec pour mission de mener à bien cette équipe lors de la coupe du Monde qui se déroule en ce moment aux Etats-Unis. A quelques heures du coup d’envoi du match inaugural des bleues dans cette compétition face à l’Allemagne (à suivre en direct dans la nuit de samedi à dimanche à 4h du matin), l’ancien préparateur physique de l’équipe de France féminine A à Rio lors des derniers Jeux Olympiques nous présente sa mission.
 
Cédric, te voilà dans la peau d’un Sélectionneur. Comment en es-tu arrivé là ?
Le ministère des armées a signé un partenariat avec la FFF depuis 2014, partenariat dont l’un des objectifs est la coopération technique. Dans ce cadre là, la FFF détache certains de ses cadres techniques ce qui est mon cas mais qui l’avait déjà été aussi avec Elisabeth Loisel, Entraîneur National à la FFF et Sélectionneur de cette équipe de France Militaire lors de la dernière compétition il y a 2 ans en Bretagne où les Françaises avaient fini championnes du monde. Au départ je devais être entraîneur adjoint en charge de la performance, mais après un désistement du Sélectionneur prévu, Madame Peggy Provost, l’Armée a décidé de me promouvoir argumentant sur l’expérience internationale que j’ai eu il y a 2 ans aux JO sur France A au côté de Philippe Bergeroo mais aussi sur les diplômes et expériences d’entraîneurs que j’ai. J’en profite pour remercier le Commissaire aux sports militaires Hervé Piccirillo et le Manager général des Equipes de France Militaires de Football Christophe Horta pour la confiance qu’ils m’accordent.
 
Quel est ton rôle et ta mission ?
Je ne vais pas révolutionner le métier de sélectionneur. Je mets donc en place le projet de jeu et de vie, je manage l’équipe, je prépare et anime les séances d’entraînement, je prépare et oriente les choix tactiques de chaque rencontre mais tout cela ne pourrait se faire sans l’aide mon staff que je remercie par la même occasion pour leur accueil, staff qui était déjà en place lors du titre il y a 2 ans. 
 
 
L’équipe de France jouera la coupe du monde aux USA. Peux tu nous dire ce qui attend l’équipe là bas ?
C’est une belle compétition avec une poule relevée et un rythme de folie qui nous attend. Nous jouerons trois rencontres en seulement sept jours avec l’Allemagne le 23 Juin, le Brésil le 25 et le Bahrein le 30. Le premier de chaque poule jouera la médaille d’or et le second la médaille de Bronze le 3 Juillet. Autant vous dire que personne n’aura droit à l’erreur pour terminer premier de poule. Avec des rencontres aussi rapprochées, toutes les joueuses joueront, ce qui n’est pas plus mal et la sélection de 21 joueuses la mieux préparée ira au bout.
 
Comment as-tu préparé cette compétition:
Nous avons préparé cette compétition avec deux rassemblements. Le premier avait pour objectif de régénérer les joueuses et de travailler sur la cohésion de groupe. En effet, c’était la première fois que les joueuses étaient réunies. Nous avons présenté l’environnement militaire, le staff, les objectifs de l’équipe, les échéances à court et moyen terme, le projet de jeu et de vie. Lors du deuxième rassemblement, l’objectif prioritaire était le travail tactique tout en ayant une continuité dans notre cohésion de groupe. Entre les deux rassemblements, les joueuses ont eu un programme individualisé à réaliser avec suivi de marqueurs subjectifs à distance afin d’arriver en forme physique.
Tout ceci est le côté visible de l’iceberg, puis il y a le côté invisible où tout le staff œuvre quotidiennement que ce soit au niveau technico-tactique (analyse vidéo, contenu d’entraînement …) ou au niveau logistique (préparation du déplacement aux USA, des dossiers…).
 
De quelles joueuses est constituée cette sélection ?
Cette sélection est constituée de 21 joueuses (dont 2 gardiennes) avec la présence de 20 réservistes et d’une militaire de carrière. Les joueuses évoluent majoritairement en D1 féminine (OM, Lille, Bordeaux, Soyaux, Albi, Rodez, Fleury, Paris FC) et D2 féminine (Dijon, Saint Etienne, Nancy, La Roche, Arras). J’ai la chance d’avoir un groupe avec beaucoup de qualité technique ce qui facilitera le jeu sur terrain synthétique que nous aurons aux USA.
 
 
Tu as été préparateur aux JO de Rio. Qu’as tu retenu de cette expérience et que pourras tu transposer à cette coupe du monde ?
Des JO à Rio, j’ai retenu énormément de choses. J’ai pris 20 ans d’expérience en 2 mois au contact de Philippe Bergeroo qui est un grand entraîneur, au-delà des titres qu’il a gagné, que ce soit tactiquement ou humainement. J’ai beaucoup appris en l’observant au quotidien (sa gestion du groupe, de la charge d’entraînement…) et en l’écoutant car il partage beaucoup. De plus j’ai vécu la plus grande des compétitions mondiales avec les JO et une configuration qui se rapprochera de celle que l’on aura aux USA, à savoir une compétition internationale, un important décalage horaire (moins 8h) et des rencontres rapprochées donc exigeantes en terme de récupération et de gestion d’effectifs. Ce sera même encore plus dur car on jouera tous les deux jours sous plus de 35°C alors qu’aux JO on jouait tous les trois jours. Je vais donc pouvoir mettre à profit une partie de l’expérience vécue mais il faudra faire preuve d’adaptation, d’anticipation car le contexte et l’environnement seront quand même différents et il n’y a jamais deux compétitions similaires !
 
Après cette échéance que feras tu ? Qu’est ce qui attend cette équipe ?
Je ne sais pas de quoi demain sera fait et à vrai dire je ne m’en occupe pas. Je suis concentré sur le moment présent et le fait de tout donner pour placer avec mon staff les joueuses dans les meilleures conditions. Penser à mes envies futures ne me fera pas plus avancer pour cette compétition et ne pourra me créer que du stress, stress que je n’ai pas aujourd’hui ! Cependant, l’équipe a déjà en point de mire une énorme compétition avec l’équivalent des JO qui se nomme les Jeux Mondiaux Militaires et qui auront lieu en Chine en Octobre 2019. L’équipe y jouera sa qualification dès Mars 2019 et c’est sûr que j’aimerais y être, mais je n’y pense pas plus que cela car je ne suis pas décideur. Le meilleur moyen d’être conservé est de bien bosser et de faire avancer le groupe, et ça j’y mettrai toute mon énergie.
 
A toi le dernier mot
Ne pas oublier d’où l’on vient est le meilleur gage de réussite. Donc merci à toutes les personnes m’ayant envoyé des messages de soutien (Philippe Bergeroo, Frédéric Aubert, Christophe Capian ancien CTD du 65, Commission Technique des Hautes Pyrénées, ETR Ligue d’Occitanie, Educateurs et Président de clubs du 65…) ainsi qu’à Monsieur René Latapie Président du District des Hautes Pyrénées et tout le comité directeur pour avoir accepté la mise à disposition demandée par la FFF et l’Armée. Je finirai par une grosse pensée à toute ma famille !
 
Propos recueillis par Puk